▬ Le campement du quartier général Grec - Dans la forêt.

Pauvre Ben, lui non plus n'avait pas été loupé. Je lui tenais la tête et le reste du corps le plus stablement possible en le calant contre moi. Je restais concentrée sur mon objectif : mettre Ben à l'abri vers le ou les médecins restés au poste. Le voyage avait été plus agréable que la première fois, en même temps là nous étions deux cette fois et non trois. Le pégase se posa en douceur, je descendis et avec toute la prudence, la douceur et l'attention que je possédais, j'aidais Ben à atteindre le sol ferme. Je passa un bras autour de sa taille en veillant à toucher le moins possible à ses blessures. Je l'allongea sur une table libre en faisant attention à ce qu'il soit bien installé. Je lui donna ma potion de soins que je dé-bouchonna légèrement pour qu'il n'ai pas à forcé ni à se faire mal.


« Garde ça avec toi.. Tu devrais en avoir besoins plus tard. Repose toi, un médecin va te prendre en charge. »


Je passa rapidement un main dans ses cheveux en lui souriant et sortit en courant vers le pégase. Je m'envolai à nouveau pour le Front Nord. Faites que les blessés sous les décombres s'en sortent.




~ 25 points d'énergie.

Léo avait l'impression d'être dans un nuage. Ou du brouillard. Comme cette pub Kinder où le mec s'enfonçait dans un nuage tout doux et avait l'air incroyablement heureux. C'était génial. Léo n'avait jamais été aussi bien de sa vie. Il voulait rester comme ça toujours. Au moment où il pensa ça, une vague de douleur le faucha, et le fils d'Héphaïstos ouvrit les yeux. Il voulut parler, mais il lui semblait que son corps était encore endormi, là où son esprit était parfaitement éveillé – et parfaitement inondé de douleur. « Aahdkei... Grmble. » Certes. Lui-même n'était pas certain des mots qu'il venait de tenter de prononcer. Il referma les yeux.
Une dizaine de minutes plus tard, Léo les rouvrait en se redressant à moitié, avec un cri incontrôlé. Il se laissa retomber sur le dos, palpant les pansements qu'on lui avait mit. Il avait l'air à peu près reconstruit. Il avait encore mal. Mais ça irait. « Faut que je bosse, » marmonna-t-il pour lui-même. Et Léo tenta de se relever, trébuchant à moitié à travers le lit, avant de faire quelques pas en direction de la tente d'artillerie. Lentement, mais sûrement. Bordel, il avait mal.

31 points d'énergie.

Aïe. Putain, c’est que ça fait mal. C’est la première chose à laquelle je pensai, tandis que je semblais reprendre peu à peu conscience. Enfin, il faisait encore tout noir, mais la douleur qui me traversait le corps parlait d’elle-même : si présentement l’être serait peut-être moins douloureux, je n’étais pas encore mort. Mal en point, mais pas mort. Peut-être pourrais-je me consoler avec ça devant cette cuisante défaite, encore une fois. Je me demandai encore une fois pourquoi je m’étais embarqué dans quelque chose d’aussi fou que cette rébellion. Je repensais alors au champ de fraises, à la plage, aux bungalows et au réfectoire, qui ne seront plus jamais comme avant, je retrouvais cette hargne qui me donnait la force de me battre.

La dernière chose dont je me souvenais, c’était le front Est. Je pourchassais l’un des Partisans quand un brouillard s’était formé devant moi. Heureusement pour moi, je n’étais pas pris dans cet étrange brouillard. C’était aussi ce que je pensais avant qu’un objet métallique ne vienne me transpercer le ventre. Il était tellement apparut vite, je n’avais même pas eu le temps d’utiliser mon pouvoir qui m’aurait sans doute été d’une grande utilité. Allongé dans mon lit de l’infirmerie – puisque c’était sans doute où je m’étais ramassé – je réalisais mon impuissance et mon inexpérience. Qu’est-ce que tout ce temps à la Colonie avait donné? Rien. J’en aurais grincé des dents, mais le simple fait de remuer me donnait des douleurs intenses. Peu importe ce qui m’avait touché, il ne m’avait pas manqué. Le fait de ne pas être capable de voir l’ampleur des dégâts, être incapable de me relever de moi-même, était vraiment ce que je crois le pire.

Le voyage avait été difficile. Les chaussures n’étaient pas réellement faites pour ça. Mais elle ne voulait pas le lâcher. Quelque chose s’était passé sur le front Nord lorsqu’elle avait vu son état, et Ryan avait décidé de le tenir tout le long du trajet. Elle n’était pas du genre à parler de choses personnelles, mais elle pouvait faire ça. Enfin, juste un peu. Mais alors, vraiment qu’un peu, hein.

Une fois arrivés au QG, la jeune femme posa le garçon au sol, et laissa un guérisseur dont elle se foutait du nom s’occuper de lui. Et tandis qu’ils s’éloignaient tous les deux, vers le coin des blessés, Ryan ouvrit la bouche pour parler… Avant de se rétracter. Ouais, elle était fille de Nyx, mais… A quoi ça servirait de lui dire ?

Hochant la tête pour elle-même, elle rejoignit Travis et Kalia. « Merci pour la réponse, mini cinglé. Au Sud, il n’y a plus de grecs, et au Nord, tout le monde est en train de rentrer. Enfin, il me semble. Qu’est-ce qu’il s’est passé à l’est ? »

¤ 41 points d'énergie.

… Quoi ?

« Okay. » C’était tout ce qui était sorti de sa bouche, alors qu’elle avançait comme à l’aveuglette parmi les corps allongés sur les lits de fortune. Et à chaque pas, elle avait devant les yeux, comme des images qui se superposaient à la réalité. Ce n’était pas la première personne de son entourage qui partait définitivement, mais la vision de Kovu au restaurant, ou cherchant à la soigner, ou encore racontant n’importe quoi durant une de leur réunion ne cessaient de se multiplier. Alors, à chaque pas, elle le revoyait. A chaque pas, elle redressait un peu plus le dos. A chaque pas, son visage restait fermé, ne montrant rien. Kalia était près de Travis, elle avait entendu. Skylar ne savait pas. Elle se devait de le dire.

Au loin, elle aperçut la silhouette de la jeune femme penchée sur un lit, à soigner un énième blessé. L’espace d’un instant, alors qu’elle stoppait sa marche, Ryan envisagea la possibilité de ne rien lui dire. Tout lui cacher, et faire comme si… Comme si… Comme si quoi ? Non. Bien sur que non, elle ne pouvait. La jeune femme inspira, hocha la tête pour elle-même et ramena la blondinette dans un coin reculé, forçant un peu, parce que Skylar ne voulait pas la suivre.

« Arrête un peu avec tes blessés, Raiponce. Arrête… juste. » Ryan la força à l’asseoir sur un lit, se postant à côté d’elle, et capta son regard pour ne plus le lâcher. « Blondie… Y a pas de bonnes façons d’annoncer ce genre de choses. Aucune. Alors… » Quoi alors ? Y a pas d’alors. Y a qu’une annonce à faire. Pourrie. Terriblement pourrie. Mais il fallait la faire quand même. « Skylar… Kovu est mort. »


¤ 41 points d'énergie.