JOUR 3 - Front Sud - EST

Les romains avaient rejoint les grecs. Le regard de la fille de Nyx hésitait à se poser sur le Petit Prince, ou la WonderGirl, avant de frôler la silhouette de la SexyRouquine, ou encore de celui qu’elle avait embrassé la première nuit, sous le coup de la colère, de la frustration devant l’état de son bras et son échec du premier jour. Et puis, il y avait le grincheux, le bûcheron romain, la fille qui l’avait porté sur son dos, un certain William et un Théo si sa mémoire était bonne. Et enfin, Piper – Poivre – et Loan, la meilleure amie d’Alexei. Cette pensée la fit se questionner sur l’emplacement qu’avait reçu Alexei, et elle inspira pour se calmer. Postée de manière un peu éloignée, la jeune femme se repassait l’aveu qu’elle avait dû faire à Seth et Harper. Quand ils étaient arrivés, elle leur avait dit pour Kovu, et s’était ensuite éloignée, ne voulant pas rester là.

Et à présent, les voilà marchant jusqu’au front. Oswin avait dû rester au QG, et Ryan le regrettait. La rousse était quinze fois plus indiquée qu’elle pour gérer des demi-dieux, combien même elle pensait le contraire. Au-devant d’eux, se trouvaient le front dit ennemi. Ryan se demandait encore vaguement ce qu’elle faisait là, mais la colère d’avoir vu l’état d’Alexei, mais aussi celui de Milou – malgré tout – et le moral de Kalia… ça lui faisait serrer les poings. Elle ne voulait pas tuer, ne voulait pas basculer de nouveau, se devait de rester apte à la réflexion. « Bon, les gars ? J’crois qu’il est temps de défendre votre colonie. » Pour Kovu, pour tous ceux qu’ils avaient perdus auparavant. Pour les amis, les frères, les amants qui se trouvaient ici et là. Elle avait parlé avec légèreté, un sourire aux lèvres, prête à en découdre. Sourire qui ne manqua pas de s’effacer lorsqu’elle reconnut une silhouette dans le groupe d’en face. « Ana… »
 

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Le troisième jour. On pourrait dire qu’il s’agit du jour J, le dernier moment où jamais de repousser les partisans. Concentrée comme à mon accoutumée, ou plutôt la façon dont je souhaitais qu’on me voit, alors que l’inquiétude et l’adrénaline se mélangeait déjà dans mon organisme. Jusqu’à présent, j’avais réussi à tenir le choc de cette bataille notre équipe s’en était sorti. Seulement, je me doutais bien que ce n’était pas le cas de tous. Malheureusement, la guerre fait toujours des ravages. Qui se battrait sans tuer au final ? Les gens veulent du sang. Les partisans le veulent. Autant dire que cette idée-là restait horrible même pour une fille de Rome comme moi. J’avais appris à me battre pour éviter ça. Il est sans doute temps de tout donner sans se retenir pour une quelconque raison. Dans notre unité se trouvait Noah, le centurion, un gars que je n’avais pas vraiment cherché à connaître mais que je respectais. Et puis Seth qui avait partagé un bout de ma route dans notre refuge, Heaven et Atalante dernièrement avec moi dans l’unité. Ces Romains comptaient beaucoup à mes yeux.

Nous avions rejoint les Grecs. Évidemment il fallait que je tombe sur Ryan. Combien y avait-il de chance de se retrouver avec elle, sur le même front. Génial pour se concentrer... ma rencontre avec la miss-je-suis-têtue me restait toujours dans le crâne malgré le fait qu’apparemment elle était vivante et ça me plaisait plutôt bien comme idée. Elle s’était approchée de Seth et moi pour nous informer de la mort de Kovu. Ce pauvre gars. Elle s’éloigna aussitôt. Levant les yeux au ciel sur son comportement, je préférais poser mon regard sur Seth. La nouvelle faisait un choc mais les émotions ne devaient pas me trahir, pas lors d’une bataille, plus tard serait le temps de pleurer les pertes. Je cherchais du regard Noah. A vrai dire, je faisais tout pour éviter de croiser la silhouette de cette chère Ryan. Elle allait m’entendre.  

° 45 points d'énergie

Combattre Anastasia ? Impossible. Clairement impossible. Elles s’étaient rencontrées en octobre, et n’avaient jamais, mais alors jamais, parlé de la guerre. Ryan lui avait fait faire un tour de moto, avait lu des trucs débiles avec elle, mangé des donuts au chocolat de la mort qui tue, mais non, elles s’étaient mutuellement gardées d’aborder le sujet de leurs camps. Et puis quoi ? Ryan ne connaissait même pas la colonie depuis un an ! Elle n’avait pas de famille, et voilà qu’on lui donnait une petite soeur, alors on attendait sérieusement d’elle qu’elle se foute sur la tronche avec Ana ? Et bien non. Peu importe que les autres souhaitent la mort de la petite brune, parce que Ryan était contre. En fait, en y réfléchissant bien, ce bain de sang ne devrait même pas avoir lieu. Bordel, il n’y avait que des jeunes entre 16 et 25 ans sur le terrain ! La plupart semblaient avoir été balancés en pleine guerre, sans réellement comprendre de quoi il s’agissait.

Brûlante de colère à mesure que ses pensées tournaient en boucle dans son esprit, Ryan fit ce qu’elle savait faire de mieux : agir sur un coup de tête. Elle avança devant les autres, à une vingtaine de mètres des partisans et cria. « Alors c’est ça, hein ? Vous voulez anéantir un endroit où certains d’entres vous ont vécu ? Ca ne vous suffit pas tout le sang versé ? Rentrez chez vous maintenant, rentrez chez vous, et laissez leur colonie aux grecs qui veulent la préserver. » A la fin de la tirade, elle croisa le regard d’Ana, et serra les dents, en secouant légèrement la tête. Elle ne pouvait l'attaquer, ni laisser quelqu'un s'en prendre à elle. Alors qu’ils s’en aillent, qu’ils partent. Il y avait déjà eu trop de morts.
 

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