i'm in the mood for chaos.

Au début de tout, lorsqu'elle a appris sa nature, Briseis était effrayée par ses pouvoirs, qu'elle déclarait de monstrueux. Après tout, ramener des cadavres à la vie, ce n'est pas à tous les jours que l'on voit ça. + Avec les années, elle est devenue moins méfiante et a commencé à mieux les maîtriser. + Si elle accepte que Pluton est son père, elle n'en est pas forcément fière. Être une fille des Ténèbres, ça fout un peu les boules à tout le monde. + Comme la majorité des romains, elle n'éprouve aucune sympathie pour Neptune et ses fonds marins. + Indépendante, elle n'a besoin de personne pour l'aider. Elle aime faire les choses par elle-même. + Elle sait néanmoins reconnaître l'aide que les autres lui apportent, et un merci n'est jamais de trop. + Toujours bien habillée, il est rare de la croiser dans un mauvais jour vestimentaire, comme il est tout aussi rare de voir des couleurs flashies avec elle. + Elle n'aime pas attirer l'attention, elle aime se fondre dans les masses et passer inaperçue + Elle aime la sensation du danger. + Elle aime les sensations fortes + Elle n'a jamais eu de relation sérieuse, seulement des aventures d'une nuit. + Elle est tombée amoureuse à ses seize ans, et elle est tombée de haut en apprenant que le garçon en aimait une autre. Depuis, elle se referme à l'idée de l'amour. + On lui a fait goûté au café et aux frappucinos, une journée ensoleillée, et depuis, elle ne vit que de ça.

Son reflet était vaste devant la glace qui s'étendait à pleine vue devant elle, lui montrant ce qu'elle détestait le plus au monde. Une faiblesse, quelque chose qu'elle ne pouvait se permettre, quelque chose qui gâchait cette image d'enfant des Enfers puissante et intimidante en ce monde romain.
Depuis son retour, plus rien n'était pareil. Certes, elle était heureuse d'être extirpée de sa prison, d'enfin pouvoir bouger ses membres et à chaque matin, elle bougeait en s'entraînant pour rattraper les soixante années envolées aussi rapidement qu'étonnamment. Briseis regardait le miroir d'un oeil désapprobateur, voyant la fille en face verser quelques larmes, apeurée. Que faisait-elle ici? Était-elle digne de ce retour parmi les vivants, malgré qu'elle n'ait jamais réellement été morte? Parce que son père en a décidé autrement, n'ayant pas permis que sa fille vienne le rejoindre aussitôt. Pluton la faisait rire, parfois. Jaune, certes, mais il la faisait rire. Il proclamait être un dieu qui ne s'attachait pas à ses enfants, et pourtant, il n'avait pas pu se résoudre à la laisser périr, ce jour-là. Les eaux sombres avaient failli l'avaler, lorsque leur bateau avait chaviré et pourtant, non. Il avait empêché ce sort, la sauvant de la noyade, malgré qu'elle en était très proche. À l'article de la mort, dit-on. Et si les autres décrivent cette expérience comme belle et rassurante, avec une lumière blanchâtre au bout du tunnel inquiétant comme mortel, Briseis n'avait pas du tout apprécié son expérience. Depuis, les eaux la terrifiaient.

Elle tentait de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait à ce moment-là, mais seul le désespoir lui venait. Bientôt, elle s'engagerait dans de dangereuses quêtes, elle repartirait à l'aventure, et elle était terrorisée et anxieuse à cette idée. C'était certain que si cela impliquait un bateau, la fille de Pluton refuserait catégoriquement de se faire embarquer dans une aventure aussi désastreuse. Il n'y avait aucun problème à décliner une invitation, déjà, et la belle ne voulait pas se sacrifier aux abysses une fois de plus.
Pour canaliser sa colère grandissante, la demi-déesse frappa la glace de toutes ses forces et elle la brisa, les morceaux s'étendant sur le sol, accumulant un nouveau sept ans de malheur avec un sourire satisfait sur le visage. Son poing ensanglanté par le miroir qui s'était fracassé sous son coup de poing, ne sentant même pas la douleur, elle se contenta de le bander. Plus tard, elle récupérerait quelques ombres pour se soigner ou alors, elle demanderait l'aide d'un enfant d'Apollon, même si elle détestait demander de l'aide. Elle détestait surtout expliquer pourquoi elle s'infligeait ça, mais ça, c'était son secret.

''Du feu, vous dîtes?'' Un sourire étira les lèvres de la sombre demoiselle. Cette dernière fixait le psychiatre d'un air qu'on ne lui connaissait pas, ou peu. Fragile, détruite. Elle avait eu besoin de communiquer avec quelqu'un d'autre que les demi-dieux ; et de toutes façons, ces professionnels ne pouvaient rien divulguer, et au point où elle en était, elle s'en foutait un peu. ''Partout. J'ai brûlé ma maison toute entière.'' Elle n'a pas spécifié qu'elle a fait apparaître les flammes, ni qu'elle était coupable de ce cet incendie. Elle a simplement révélé que ses parents étaient morts dans une maison enflammée, avec du feu parcourant la moindre pièce. Le doute sembla prendre place dans le visage de l'inconnu qui lui faisait face, et elle était un peu satisfaite de l'effet qu'elle avait provoqué sur l'homme. Tant mieux s'il pouvait remettre en doute ses soupçons. Il hocha simplement la tête et lui fit signe de continuer avec un geste de la main nonchalant, griffonnant quelques mots sur ce papier qui semblait déjà bien rempli. ''Et après, j'ai pris la fuite. J'ai couru dans la ville, derrière moi, j'sentais qu'on m'suivait. J'étais pas rassurée, je ne me sentais en sécurité nul part... J'ai donc décidé d'aller en forêt, me cacher. Et j'ai croisé deux loups grisâtres, que j'ai suivi.'' Elle remarqua l'incrédulité sur le visage de l'homme et elle ne put retenir un petit rire.''Ils sont d'excellents guides. Je les ai suivi jusqu'à Lupa, jusqu'à ses terribles épreuves qui m'en ont fait baver, vous n'avez pas idée.'' ''Qui est Lupa, mademoiselle Calloway?'' Elle fit une pause marquée, et pendant de longues minutes, elle garda le silence. Elle releva la tête et haussa les épaules. .''Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas et vous me jetteriez dehors. Bref, ces épreuves...'' Elle s'en souvenait comme si c'était hier. Il y en avait eu deux ; lourdes et pratiquement impossible à réussir, impossibles à comprendre, au départ. Affronter son père? Qu'avait voulu dire cette louve immense, imposante? La jeune femme avait mis du temps à comprendre : jusqu'à ce que Pluton apparaisse devant ses yeux, ou plutôt, une vision de son père, du Dieu des Enfers et de la Richesse. Elle n'avait pas compris avant le dialogue qu'elle avait entretenu avec lui. Les paroles exactes étaient floues, dans son esprit. .''J'ai dû confronter mes pires démons, dont l'abandon de mon père, étant qu'une enfant. J'ai vite compris que cela ne s'arrêterait pas là...'' En effet. Après avoir été confrontée par son père et une fois la vérité dévoilée, elle était complètement vidée d'énergie. Pourtant, autre chose l'attendait. Une autre difficile épreuve : survivre. En forêt pendant deux jours, laissée à elle-même, enfant qui n'avait jamais connu l'indépendance et la pauvreté, toujours la richesse et la joie de vivre. Elle ne s'était jamais sentie à sa place, dans ce monde noble et difficile à suivre. Elle avait eu du mal à survivre. Trouver de l'eau avait pratiquement été impossible et son faible corps avait failli y rester, mais pendant le moment où elle pensait mourir affamée, la louve était réapparue, clamant qu'elle avait réussi, et qu'elle pouvait continuer son aventure pour trouver sa réelle demeure.

.''C'était plus qu'une demeure. C'est devenu chez moi, ma raison de vivre. J'ai eu du mal à me faire accepter, là-bas, Ils étaient terrorisés par mon aura, apparemment. Je dégageais quelque chose d'étrange, qu'une amie m'a dit, plus tard. Je dégageais la mort et le danger.'' Mais malgré tout, malgré les craintes et les incertitudes, elle avait réussi à bien s'intégrer au camp Jupiter,
à accepter sa nature de demi-déesse grâce aux autres, qui l'ont beaucoup aidée et entraînée. Rapidement, elle a su avoir la maîtrise de ses dons et du combat, appréciant particulièrement se cacher dans les ombres pour attaquer un peu plus subtilement, avec un cadeau offert par son père ; des glaives en fer stygien. Avec cela, elle a affronté les guerres, les batailles et les difficultés de l'époque. Elle est même partie en quête, un jour. Sa première, une véritable excitation mais aussi, une peur profonde qui s'est peu à peu installée en elle. ''À cette époque, nous n'avions pas les moyens d'aujourd'hui. Certes, c'était en développement, mais ce n'était pas suffisamment fiable... Faute de véhicule par les airs, nous avons utilisé un bateau. Ce qu'on a tous regretté, parce qu'on détestait tous l'eau. Un choix peu crédible, hm? J'ai essayé de les dissuader, avant de partir... Mais ils n'ont rien voulu comprendre, ces têtes enflées. Clamant que Neptune approuvait notre départ, notre mission, disait-il.'' Et quel échec ce fut. Comme elle l'avait prédit, le malheur les attendaient à peine la mission fut-elle commencée. Les romains regrettèrent tous ce choix désastreux qu'avait été de prendre un navire, lorsque la tempête commença. Le bateau tanguait, et ils avaient tous une peur bleue. Celle que Neptune viennent les chercher; les emmènent aux fonds marins. Elle avait essayé de les prévenir, l'eau n'était jamais la voie sécuritaire à emprunter lors des expéditions. ''Finalement,
je vous ai menti, les gars... et Briseis, pardon. Je n'ai jamais eu la bénédiction de qui que ce soit, je nous ai mis inutilement en danger... Et la tempête s'accentue... J'crois pas qu'on va s'en sortir, les gars.'' Le regard que Briseis lui a jeté à ce moment-là était mémorable. Sombre, incapable à prédire. La fille des Enfers avait envie de voir la tête de ce supposé Centurion sur un plateau d'argent, le détestant de toutes les fibres de son corps, à ce moment. Elle était furieuse, incapable de comprendre comment il avait pu faire une telle chose. Et lorsqu'elle était en colère, la demi-déesse devenait dangereuse. ''J'avais envie de le tuer. Le brûler jusqu'à ce que ses os atteignent l'état de non-reconnaissance, jusqu'à ce qu'ils soient en cendre... Mais je me suis retenue, et de toutes façons, le karma a fait son travail...'' En effet, dix minutes après la crise de tous les occupants, après les engueulades contre le centurion et la panique bien installée, une vague les a surpassés. Elle a emporté ses camarades, mais elle s'est accrochée si fort sur le navire qu'elle n'est pas tombée de suite. Pas avant de se sentir extrêmement lourde, de ne pas comprendre ce qui se passait. La vérité était qu'elle avait été transformée en statue d'ombres et de pierres, merci papa, pour lui sauver la vie. Sauf que pendant de longues années, cinquante et quelques, on ne découvrit pas le navire, ni la statue dont elle était le sujet. Sauf avant une expédition romaine, à l'époque actuelle...

''Taisez-vous, tout le monde. J'pense qu'elle se réveille.'' Ce sont les premières paroles qu'elle a entendu une fois éveillée, complètement désarçonnée. ''Enfin, vous vous en doutez... Quel effet ça peut faire, se réveiller après cinquante ans, hm? Bref, je continue mon histoire...'' Elle avait ouvert les yeux et de suite, une fois fait, elle s'était éloignée des visages non-familiers qui l'avaient entourée. Habillée de ses vêtements de l'époque, elle voguait sur l'adrénaline mais d'un coup, elle se sentit extrêmement faible. ''Arrête de grouiller, arrête. Tu vas t'évanouir...'' Et ce sont les derniers mots qu'elle a entendu avant de s'écrouler dans les bras d'un inconnu. ''Lorsque je me suis réveillée, docteur, on m'apprenait que j'étais dans un autre monde, dans un monde aussi misérable que celui d'où je me suis échappée, par le miracle de cette transformation. Oui, on m'a informée à mon retour que j'avais été une statue pendant de années. Impressionnant, non? Oh, et j'ai aussi perdu beaucoup de force. Je ne maîtrise plus mes dons comme avant... C'est triste, non? Et apparemment, il y a eu diverses batailles. Les romains ont même été emprisonnés, et se sont battus pour leur liberté! Ils ont affronté Gaïa, vous vous rendez compte? La Terre Mère elle-même... J'aurais aimé être là, voir ça, assister à ça. En attendant, on me raconte leurs défaites, leurs victoires, leurs emmerdes. J'ai appris que bon nombres de romains avaient péri aux dernières batailles, celle de Salt Lake City comme celle de la libération romaine et grecque... des grecs parmi nous, vous vous rendez-compte? '' Elle arrêta son discours un instant avant de voir que le psychiatre semblait toujours pendu à ses lèvres. La romaine lui fit un sourire, ressassant à nouveau les souvenirs du passé, tentant de lire quelques inscriptions sur son bureau, mais sa dyslexie l'en empêchait. ''Pour que la vie nous emmerde encore plus, nous sommes dyslexiques et hyperactifs. Vous voyez le truc? J'arrive à rien lire qui n'est pas en latin ancien. C'est d'une lassitude. Et je suis toujours énervée, vraiment. J'ai toujours envie de me battre. '' Le psychiatre allait penser qu'elle se fichait de sa gueule complètement. Mais elle s'en foutait ; il ne pouvait rien divulguer. Au pire il lui prescrirait une médication contre la schizophrénie et la psychose. ''Notre séance est terminée, mademoiselle.'' Oh, cela faisait déjà une heure qu'elle racontait sa vie à un parfait inconnu, ressassant les souvenirs du passé? Cela était passé à la vitesse de l'éclair, époustouflant. La jeune femme se leva du sofa confortable, ses cuisses se détachant du cuir et elle replissa sa robe pourpre avec un parfait décolleté. Les talons qu'elle portait claquèrent sur le sol dur, et elle alla porter le chèque. Évidemment, depuis le temps, elle avait un compte en banque et quelques sous de côté, ou du moins, elle essayait. S'incruster à la vie des humains n'était pas facile... Mais la demi-déesse s'en alla, ravie de cette petite aventure qu'elle venait d'avoir, ravie d'avoir le coeur un peu plus léger. C'est heureuse que la nécromancienne quitta l'immeuble, retournant au Camp Jupiter à la vitesse de l'éclair, guettée par les ombres autour d'elle. Le danger était présent, et elle le sentait. Quelque chose allait se produire, dans les prochaines semaines... Mais elle ne pouvait mettre les mots exacts dessus. C'est avec la tête à nouveau pleine qu'elle se coucha, ce soir-là, mais sans aucun rêves, à son plus grand bonheur.