▬ Le campement du quartier général romain - Au Nord de l'Aqueduc.

Quoi? Je restais au QG? Cachant le plus que je pouvais ma déception, j’acquiesçais lentement à l’ordre de Maximilian, détournant légèrement le regard lorsqu’il sortit de la tente en compagnie d’Eileen. « Bonne chance à tous les deux », soufflais-je doucement. Je serrais des poings, contractant la mâchoire en me mettant à faire des ronds, agressif. Je voulais aller au combat, mener, moi aussi, la bataille qui s'engageait contre ces enfoirés, que je méprisais de tout mon être, non, de tout mon âme. Je voulais leur perte, leur chute. Je voulais qu’ils crèvent de mes propres mains. Ça ne me dérangeait pas de me souiller avec leur sang. D’ailleurs, ça me ferait grandement plaisir. Je ne rêvais qu’à ça depuis notre emprisonnement. Je n’avais su attendre au départ, mais j’étais parvenu à patienter, non sans énervement cela dit, mais j’y étais parvenu. Mais maintenant que tout se déroulait, j’étais, une fois de plus, obligé de me retenir et d’attendre mon heure. Bordel, vous ne savez pas à quel point cela me mettait en colère et à quel point tout ceci pouvait être frustrant pour moi.

Remarquant que faire les cent pas ne me calmait pas, je finis par m’asseoir sur une chaise, non loin de la table et de sa carte, zieutant de temps à autre le petit Nolan, concentré à sa tâche. Et je finis par constater que je n’étais pas en colère à cause que je ne pouvais pas cogner du partisan. Non. C’était parce que je me sentais parfaitement… inutile.

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Après quelques minutes, une soudaine frénésie se déclencha à l'extérieur de la tente et je me précipitais aussitôt pour voir ce qu'il en était. Eileen était revenue avec Myrah, Mayan et Timothy, ce dernier pratiquement en lambeau. Bordel... Ses jambes... Qu'est-ce qui s'était passé? Mais au regard que me lança la guérisseuse, je me tournais aussitôt vers l'intérieur de la tente et y pénétrais, arborant mon habituel masque de sévérité. J'interpellais Nolan pour qu'il prenne place dans une pièce jointe, pour cacher l'état sévère et absolument... indescriptible de Timothy. Il allait causer une crise cardiaque à ce gosse, bon Dieu... Puis, je retournais voir Eileen, croyant qu'elle aurait peut-être besoin d'aide, mais elle était assisté par d'autres médecins de guerre. Si je m'imposais, j'allais les déranger plus qu'autre chose. Ensuite, je restais dans l'autre pièce, avec le gamin. « Des nouvelles des fronts Nolan? » J'espérais que tout se passe bien...

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« Merci beaucoup », signifiait mon regard, alors que je le posais sur Eileen, cynique. Génial… Il avait fouillé dans mes pensées. J’étais pas doué avec les gosses, vous comprenez? En plus, il fallait que je lui explique pourquoi Timothy se trouvait dans cet état. Oh bon sang… Je n’étais pas tendre de nature, alors je ne voyais pas pourquoi je changerais pour autant, mais je ne savais vraiment pas comment me comporter avec les enfants… Et s’il finissait vraiment par pleurer? Déjà, il retenait ses larmes… « C’est pas le moment pour les larmes, Nolan. Tout ce que tu dois savoir, c’est que Timothy est sorti d’affaire à présent. Eileen et les autres médecins s’occupent de lui. » Rajouter à ça un mec qui ne savait pas comment rassurer les gens… « Après une nuit de repos, il pétera tellement la forme qu’on ne pourra pas croire qu’il a été blessé la veille… Donc, hum… concentre-toi à ta tâche et fais confiance à nos médecins. Timothy a fait son boulot, à toi de faire le tien. » Sérieusement, comment lui dire que son tonton préféré c’était fait sauter par une mine? Et ça, en toute délicatesse? Bon, et puis, Timothy allait lui expliquer quand il sera de nouveau sur pied. J’avais d’autres chats à fouetter. Pour l'instant, Eileen était partie chercher nos deux blessés à la Nouvelle-Rome. Maximilian ne devrait sûrement pas tarder à rentrer avec le reste des troupes, qui étaient postés au front Ouest. « Il ne reste plus que l’Unité de Grace. Transmet-lui le message de Maximilian. Il pourrait certainement nous ramener un partisan ou deux. Et demande-lui si tout va bien. »

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Je grognai. Ma blessure était horrible et heureusement que Eileen m'avait très bien soignée. J'étais de nouveaux sur pieds, mais je ressentais toujours un espèce de trou. Le choc d'avoir perdu un morceau de moi, j'imagine. Je repoussais mes longs cheveux blonds vers l'arrière et je fis un sourire compatissant à Leen. « Merci, ma belle. » la gratifiais-je, en débarquant de la table d'opération. Je regardais fixement les alentours, ne m'attendant pas à ce qu'on ait gagné tous les combats. Je n'avais rien suivi d'autre. J'errai dans le QG quand j'entendis vaguement qu'on avait presque gagné. Mes poings se serrèrent. Presque. J'attendis sagement le retour de Leen au QG, et j'espérais fortement au fond de moi de ne pas voir un Sebastian blessé.

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J'avais eu de la chance de ne pas être touché et de rentrer au QG en un seul morceau aujourd'hui. Parce que tout aurait pu être autrement. Oui, j'avais une légère blessure causée par une flèche, mais c'était trois fois rien. Je n'avais pas en m'en faire. Lorsque je me posais au QG, je laissai quartier-libre aux filles, j'aidai a installer les blessés les plus graves du genre de Lucian et Alicia lorsqu'ils arrivèrent et me promenait ensuite un peu partout dans le QG. Pour finalement tomber face à face avec ma soeur. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine et je serrai les poings. Si elle était là, c'est qu'elle avait été blessée. Et pas qu'un peu. Je l'attrapai par le poignet et la plaquai contre le mur, mon visage à quelques centimètres du sien, le regard étincelant de rage« Qu'est-ce que tu fous ici toi? C'est qui le salaud qui t'a touché que j'aille lui faire goûter milles souffrances. Qui a osé? Et merde Myrah, tu pouvais pas faire attention? Rester en un seul morceau, c'était trop demandé pour toi? Est-ce que t'a idée de tout ce que je pourrais faire? Tu pouvais pas faire attention, au nom des dieux. On le sait bien, faut toujours que je sois derrière toi pour assurer ta sécurité parce que tu es incapable de le faire. Qu'est-ce que tu fous comme soldate?» Je parlai à voix basse, fou de rage, je ne pouvais pas rien dire d'autre, je me répétais certes et je la grondai comme un enfant, mais je ne voulais surtout pas qu'il lui arrive un truc. Elle était ma seule famille.

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Et il ne l'était pas. Dès que le vis, il me plaqua au mur, son visage à quelques centimètres du mien. Je pouvais sentir son souffle en colère contre ma peau. Je le regardais, yeux dans les yeux, grognant parce que le choc fut douloureux contre ma nouvelle blessure refermée. « Victor. Il m'a transpercée d'un rayon de lumière. J'aurais pu mourir. » lançais-je, calme. Un jour, j'aurais sa peau. Néanmoins, pour le moment, je me contentait de révéler le nom du partisan, que j'avais entendu autrefois. « Je suis en vie. Calmes-toi. » ordonnais-je, sentant les regards pesant de nos proches sur nous. Je le repoussais doucement, comme une mère ferait à son enfant, et le gratifia d'un sourire sans joie. « Je vais bien. » et porta mon regard sur la salle, regardant les autres arriver. Seb avait intérêt à se calmer avant que Lucian ou Maximilian n'intervienne.

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