I'm a nightmare dressed as a daydream,, Eos

Cette partie est réservée à vos anecdotes, mais elle n'est pas obligatoire. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua. Ut enim ad minim veniam, quis nostrud exercitation ullamco laboris nisi ut aliquip ex ea commodo consequat. Duis aute irure dolor in reprehenderit in voluptate

J'observe mes enfants, de loin. Elles sont grandes, maintenant. Enfin, elles. Il y a aussi des hommes, dans la fratrie. Certes, ils sont moins nombreux et je préfère nettement mes filles. C'est peut-être cruel, mais je n'ai rien d'Aura, au moins. Je ne bouffe pas mes gamins, moi. Je les laisse grandir, en paix, et je récompense ceux qui sont plus méritants. Pour l'instant, ils sont tous assez empotés. Ils ne contrôlent pas ce qui leur arrive, ils sont incertains de comment gérer cet aspect de leur personnalité, maintenant. Ils sont devenus dyslexiques, d'un coup. Ils ne peuvent s'empêcher de faire grouiller leurs chaises et de taper du pied, en attendant une réponse. Impatients. Hyperactifs. Ils sont devenus des demi-dieux, futures petites terreurs en devenir.
Je soupire. Je suis un peu déçue. Les enfants de cette pétasse d'Aphrodite ont largement l'avance sur les miens. Je suis un peu jalouse, et je le sais. Elle le sait. Elle s'attend peut-être à ce que je lui saute à la gorge de suite, mais j'ai besoin d'une stratégie, avant de foncer tête baissée. Je suis rusée, vous le savez. J'ai fait mes preuves, au fil des ans.

Je suis soulagée d’avoir obtenu cette chance. Celle de pouvoir obtenir une belle vengeance. Après tout, elle est un peu égoïste d’avoir voulu garder Arès pour elle toute seule. Maintenant, ma haine est si forte qu’elle englobe Aphrodite et ses autres bâtards d’Olympiens. Ils ne m’intéressent plus le moins du monde. J’ai d’autres collègues fortement plus intéressants. Nous, les Astraïens, avons été voués à nous venger. Je partage cette envie avec beaucoup des membres de mon camp, comme Nérée. Oh, ce Dieu. Il fait chaud, là, non?
Je détourne mon regard pour observer un peu tous les enfants des dieux. Les camps sont en paix depuis un certain temps et nous ne pouvons agir comme nous le voulons. Nous devons rester en paix pour un certain temps, et ça me mets en colère. J’ai enfin mes pouvoirs, je peux enfin tenir tête à Aphrodite et voilà qu’on me balance une paix à la gueule?
Je ferai en sorte que cela ne se passe pas comme ça. Vous savez à quel point la zizanie est facile à créer entre les dieux, non?

Ma vie a été tout sauf normale.
Pour débuter au commencement, je suis née en Grèce Antique, dans les bras de Théia. J'ai un frère, Hélios et une soeur, Séléné. Le jour et la nuit, tous les deux. Littéralement. Moi, je suis l'enfant du milieu, celle qui régit sur le matin, l'aurore, en somme. C'est d'ailleurs ma personnalité romaine, Aurore.
Maintenant que vous savez un peu qui je suis, ce que je fais, avec qui j'ai grandi, laissez-moi vous parler des périodes marquantes de ma vie. Autrement, nous serons toujours ici dans vingt années et vous, comme moi, seriez embêté par ça.

J'ai eu une belle vie, avant que l'emmerdeuse vienne faire capoter ce à quoi je tenais. Arès, ce dieu... Il m'a toujours attirée, vous voyez. Les muscles, la virilité... Par Zeus, il était parfait. Je le voulais pour moi, mais elle en a décidé autrement, la vieille. Quand elle m'a surprise au lit avec mon amant et le sien par extension, elle m'a punie, vous voyez. Elle m'a jeté une malédiction parce que la fausse princesse n'avait pas toute l'attention du Dieu de la Guerre. Je n'y peux rien si je suis la plus jolie des deux. Nous avons toujours eu cette compétition malsaine mais là, apparemment, j'ai poussé le jeu trop loin. Mais, mes chéris, soyez-en surs, j'aurais ma vengeance. Je ne m'arrêterai pas là, ça, c'est certain.
Bref, oui. La malédiction. Congédiée de mon statut de Déesse, congédiée de ma vie de Reine, j'ai été détrônée et on m'a punie à une vie immortelle, mais sur Terre, sans pouvoirs magiques. Quelle rabat-joie, la grognasse. Maudite à ne m'enticher que des hommes mortels, j'ai été assoiffée pendant trop longtemps. Ils n'ont pas la même essence que les dieux, la même prestance. Mais certains sont absolument magnifiques, et au cours des années, j'ai eu plusieurs maris. Et plusieurs identités, vous vous en doutez bien. J'ai réussi à falsifier moi-même mes documents personnels et légaux, pour ne dépendre de personne.  J'ai appris à ne dépendre que de moi-même, au cours de mes années en tant que Terrienne.


Les plus marquants ont été le Roi Soleil, Alexandre de Beauharnois et Napoléon de Bonaparte. Tous les trois de grandes figures politiques et sociales, je me suis hissée à leurs côtés comme un serpent venimeux qui ensorcelle sa proie. Le premier, j'en suis devenue Madame de Montespan, la maîtresse du Roi Soleil, à qui j'ai donné plusieurs gamins qui aujourd'hui, sont malheureusement trépassés. Ils ont été enterrés dans leur terre natale, Terre que je visite régulièrement. Tombes que je visite aussi, laissant quelques roses, laissant une lumière vive au moment où je me téléporte, maintenant que j'ai retrouvé mes pouvoirs. Mais attendez, j'y viens, j'y viens...

Le second m'a connue sous l'identité de Joséphine, prénom que j'ai beaucoup aimé porter. Je lui ai donné des enfants, bien entendu, qui sont aujourd'hui enterrés en France, une Terre que j'ai beaucoup aimée et à laquelle je retourne sans cesse, comme je disais. Ma France, ma belle France. Que j'ai aimé te côtoyer toutes ces années, que j'aimerais retourner y vivre... Napoléon de Bonaparte m'a également eue dans son radar. Évidemment, son pouvoir de séduction était... minime. J'ai joué avec lui avant de céder, voulant à nouveau me retrouver au pouvoir. Me rapprocher des plus hautes sphères de la société est devenue une passion, au fil des ans.

Mais ces ascensions ont été bien éphémères, croyez-moi. Au final, je ne mourrais pas, je ne vieillissais pas. Je n'avais pas mes pouvoirs pour tromper leurs yeux fragiles et au bout d'un temps, ils posaient des questions. Pourquoi tu ne vieillis pas ? Pourquoi t'es toujours aussi belle qu'il y a trente ans ? Certes, mes techniques de maquillage ont pu cacher quelques années, et au contraire de toutes les femmes, je combattais pour me faire vieillir un peu. Qu'un peu. Parce que je déteste les rides. J'espère un jour que cette affreuse Aphrodite en sera recouverte, et que tous ses enfants vivront d'atroces jours. Je n'ai aucune pitié pour elle, ni pour aucun des Olympiens. Mais ma haine, oh, et quelle haine, pour Aphrodite est si puissante que je pourrais aisément m'en prendre à ses gamins, lorsqu'un jour, je retrouverai ma puissance d'antan.

En attendant, en ne pouvant vieillir, j'ai quitté mes contrées françaises et ma douce Paris pour venir m'établir en Amérique. Je me suis installée à Hollywood, où je suis devenue une actrice connue sous le nom de Grace Patricia Kelly. Une magnifique, magnifique actrice, devenue Princesse de Monaco en 1956. Cependant, avant, j'ai eu le temps de faire de superbes rencontres en Amérique. Marylin Monroe, cette sublime femme, a été l'une de mes meilleures amies à l'époque. Nous avons fait beaucoup de choses ensemble et nous nous sommes très rapidement rapprochées. La différence d'âge physique (puisque mentalement, j'étais beaucoup plus vieille) ne nous gênait pas - à peine quatre ans séparaient nos corps.
Les circonstances nébuleuses entourant le décès de mon amie m'ont toujours triturée, j'ai toujours l'impression qu'elle est là, ici, avec moi. Je ne l'oublierai jamais, cette figure de beauté. Mais Marilyn était malheureusement quelqu'un de torturé, malgré son succès fulgurant. Elle me racontait régulièrement comment elle n'était pas heureuse, ce qu'elle aimerait changer dans sa vie. Que j'étais l'une de ses rares amies qui restait à ses côtés, coûte que coûte. Malgré les conneries et les âneries qu'elle pouvait faire.
Cependant, je n'ai jamais cru qu'elle est morte d'une overdose. Marilyn se serait arrêtée avant d'arriver là. Je pense personnellement qu'elle a été assassinée, et un jour, je retrouverai celui qui l'a fait souffrir dans sa chambre d'hôtel. Je pense que les officiers ont également camouflé certaines preuves, et je suis toujours en processus de prouver qu'elle ne s'est pas suicidée.

Monaco. Ma douce Monaco. Je me suis mariée, là-bas. Je suis devenue la Princesse de Monaco, épousant le Prince Rainier III de Monaco. J'ai arrêté ma carrière d'actrice pour le suivre, il a été l'un des rares hommes que j'ai véritablement aimé et les enfants que je lui ai faits ont été d'amour et de pureté.
J'ai cependant dû fausser ma mort. Un malheureux accident de voiture survenu en 1962 causa la mort de Grace Kelly, et j'ai quitté le pays. Je ne vieillissais pas, et mes enfants me posaient de nombreuses questions. Surtout Stéphanie, qui était d'une nature très curieuse. Je leur ai dit un dernier au revoir et je suis partie, déclarée morte dans l'accident.

Depuis les années 10, j'ai ma propre ligne de produits cosmétiques naturels. Elle se nomme Grace en l'honneur de ma personnalité disparue et de mon identité décédée. J'ai aimé être la Princesse, j'étais au plus proche du pouvoir que je ne l'ai jamais été. Cependant, j'ai dû reprendre sur moi. À ce jour, ma ligne a toujours le même nom mais elle a changé en 30, 40 et 50. Mes cosmétiques ont eu le nom de Théia, Aurora et GODDESS. Il ne faut pas se voiler la face : je sais toujours qui je suis, peu importe quelle année nous sommes.

Dans les temps modernes, j'ai pris l'identité d'Aurore. Mon nom romain était inconnu de beaucoup et ce fut mon prénom à partir de 2000. J'ai commencé à fréquenter des hommes par-ci, par-là, toujours en les charmant pour m'obtenir un rôle dans la haute société. J'ai eu des enfants, aujourd'hui considérés comme des demi-dieux. Mais j'y arrive, mes petits. J'y arrive. Je me suis infiltrée à la Maison Blanche, où Ouranos m'a approchée. Je me souviens de ses mots exacts. « Si tu veux retrouver ta puissance et obtenir vengeance, rejoins mes grands, ô belle Eos. » Ces paroles tentatrices ont été fulgurantes. J'ai accepté, ni une, ni deux. C'était en 2015. « Vous savez comment parler aux femmes, Mon Seigneur. Ce sera avec plaisir. J'attends cet instant depuis si longtemps... » Pouvoir me venger de cette grognasse d'Aphrodite est mon seul désir depuis des millénaires. J'ai été ensorcelée, maudite à ne me reproduire qu'avec des mortels alors que j'aime la prestance et l'élégance d'un dieu.
Ces paroles dites, comme un sceau que l'on ferme pour sceller un pacte avec le Diable, j'ai retrouvé ma puissance d'antan et tous mes pouvoirs. J'en ai profité pour changer mon apparence et pour informer mes enfants du changement qui leur serait alloué : sans tout dévoiler, bien entendu.

Aujourd'hui, je ne suis plus Madame de Montespan. Je ne suis plus la femme de Napoléon Bonaparte. Je ne suis plus la femme d'Alexandre Beauharnois. Je ne suis plus Grace Kelly. Je ne suis plus une usurpatrice. Je suis aujourd'hui la déesse qui mettra fin à la vie d'Aphrodite, dans la plus tortueuse des façons.
À nous deux, ignoble sorcière.