Elle a des opinions sur tout, Briséis. Attention avant d'engager un sujet de conversation houleux avec elle. ☾ Elle n'est pas gênée, ni timide. Elle posera les questions qui lui passent par la tête sans y réfléchir forcément, sans penser que ça pourrait offusquer quelqu'un. ☾ Elle n'a jamais aimé et ne sait pas si, un jour, elle connaîtra l'amour. ☾ Elle a rencontré Hadès, Perséphone et Déméter. ☾ Cerbère et elle passaient beaucoup de temps ensemble et il est devenu très protecteur envers l'enfant. ☾ La gamine connaît les Enfers comme sa poche et pourtant, le royaume de son père est une partie de ses phobies. ☾ Imaginative, elle a toujours inventé des histoires. Sur là-haut, sur la Terre. Elle s'est toujours demandée comment c'était. ☾ Elle parle trois langues. L'anglais, le français et le grec. ☾ Elle a été très bien élevée, en partie par Perséphone, en partie par son père, lorsque sa femme partait pour six mois. ☾ Elle veut ravoir une bête infernale à ses côtés, un jour. ☾ Elle est prône aux hallucinations et aux divagations. Sa condition n'a rien d'ordinaire et, plus souvent que moins, elle a du mal à discerner la réalité de l'illusion dans laquelle elle a grandi. ☾ Elle n'a encore jamais utilisé un appareil électronique. ☾ Son père lui a appris à combattre. ☾ Cerbère lui manque. ☾ Elle aime le rock et l'électronique. ☾ Elle déteste le rap. ☾ Elle aime beaucoup la musique anglophone. ☾ Sa chanson préférée est Dead Inside, du groupe Muse. ☾ Elle n'a encore jamais combattu de démons ou de créatures. Son père l'a surprotégée et même s'il lui a appris l'art du combat, il avait aussi d'autres choses à faire. C'est un Dieu, tout de même. ☾ Elle est effrayée à l'idée de mourir. Triste, pour une fille venant de l'endroit le plus torturé du monde. ☾ Elle craint le froid et la neige. Elle aime la chaleur et le feu. ☾ Elle déteste les chats et adore les chiens. ☾ Elle n'aime pas la couleur vert ni le brun. ☾ Elle peut regarder des flammes brûler pendant des jours. ☾

Être en vie. Quelle signification cela a-t-il ? L'est-elle, ou est-elle une âme égarée entre les murs infernaux, contrôlée par son père possessif et manipulateur? l'amour. Elle n'a jamais reçu d'amour, Briséis. Que de la protection. Est-ce une partie de ce sentiment si complexe décrit par Perséphone comme luxure et possessivité ? Elle ne le sait pas, elle. C'est une autre chose qui lui est totalement inconnue.
Dans le flou, ses pas la guident jusqu'au lac où elle s'arrête. Elle ne veut pas s'y noyer, elle ne veut pas retourner aux Enfers. La seule raison qui la pousserait à y aller, ce serait pour revoir Cerbère, qui lui manque beaucoup. Son seul ami pendant toutes ces années. Être une enfant du dieu de l'Enfer a un certain avantage, mais la folie qui en résulte est un cadeau empoisonné, une maladie qui nous suit toute la vie.

Le regard dans le vide, elle est asservie par son esprit embrumé. Les craintes y résidant sont si fortes qu’elles prennent parfois le contrôle, Briséis s’oubliant petit à petit. La Terre n’est-elle pas faite pour elle, au final ? Cet endroit nébuleux et dangereux est-il la raison de ses phobies les plus folles, les plus sinistres ? Elle ne comprend pas comment elle a pu vouloir y demeurer, mais maintenant, elle y est obligée. Elle a voué sa vie à son père et elle se doit maintenant de le rendre fier, de le représenter, là-haut. C’est pour cette raison qu’il a accepté de l’y emmener, c’est lui qui a insisté que les Enfers ne la reverront qu’à sa mort. Depuis, celle qui a vieillit d’une façon différente aux autres craint l’endroit où elle a grandi. Elle ne désire pas être prisonnière des cages de son père encore une fois, et si elle l’aime de tout son cœur, il est aussi sa plus grande terreur.
Ses yeux ambrés se posent sur le lac doux, qui ne fait aucun bruit. Aucune vague, aucun mouvement n’y est. Les enfants de Poséidon dorment, eux aussi. Même les créatures marines qui décident de résider dans le domaine du Dieu de la Mer sont endormies, à trois heures du matin. Elle, elle se réveille pour entamer une nouvelle journée. Ses nuits ont toujours été très écourtées, dû au cycle différent en Enfer. Elle n’a jamais aimé dormir, c’est une instance de faiblesse dans laquelle on est vulnérable. Dans laquelle on peut être manipulé, tué. Blessé. Tout peut arriver, lorsqu’on est sur un lit, immobile, et qu’on manque de vigilance. C’est certainement la raison pour laquelle Briséis a installé un système de sécurité primitif dans son bungalow. Elle y est seule, comme toujours. Esseulée et brave Briséis. Bravoure qui est à prouver, encore et encore, puisqu’il n’est pas rare de la croiser les yeux bordés de rouge, injectés de sang. Les cauchemars l’empêchent de se reposer comme elle le devrait, et elle s’épuise rapidement.

Mais elle reprend le dessus, lentement. Le bracelet offert par son père l’aide beaucoup à vivre une vie somme toute normale. Elle s’égare moins, est moins sur les nerfs. Elle est toujours aussi vigilante vis-à-vis son bungalow, par contre. Elle n’aime pas beaucoup être dérangée et préfère visiter les autres qu’on la visite. Elle le laisse verrouillé, la plupart du temps, et plusieurs objets enclencheront le réveil de la belle rousse, si jamais vous tentez d’y pénétrer sans son autorisation d’abord.
Apaisée par le manque de mouvement du lac et la tranquillité de la Colonie à cette heure, elle repart, le cœur un peu plus léger. La vision un peu moins floue, le regard un peu moins triste. Elle se sent un peu plus à sa place, à chaque jour. Bien entendu, il faudra bien des efforts pour qu’elle considère cet endroit sa maison, mais elle a promis à son père qu’elle fera tout pour honorer son titre de fille d’Hadès, et c’est un plan qu’elle compte bien soutenir jusqu’au bout.

chapter first : but there's nothing there. Light only shines from those who share

Elle danse, Briséis. Ses pas la guident jusqu'à l'antre de son père, et elle chantonne. Les paroles citées n'étant pas dangereuses, elle chante à haute voix, dérangeant les âmes dormantes et celles étant en cours de torture. Elle ferme les yeux devant les diverses lames et objets servant à meurtrir les âmes arrivées en Enfer. Elle, elle y a toujours vécu. Elle ne voit pas le mal que ça cause, de déchiqueter une âme, jour après jour. Elle n'a pas peur de mourir, elle. Elle est déjà un peu morte à l'intérieur, et ça ne l'effraie pas le moins du monde. La rouquine a toujours été une courageuse petite, et si vivre en Enfer est ce qu'elle fera du restant de sa vie, tant pis, c'est ce qui a été dessiné pour elle. Elle croit au destin, l'enfant. C'est peut-être une marque d'innocence trop peu raffinée, c'est peut-être de la naïveté toute pure. Elle ne croît pas que ceux qui font du bien finiront mal s'ils font une bêtise.
Mais ici, la lumière n'existe que pour ceux qui partagent. Autrement, tout n'est que noirceur. Même pour une enfant, surtout pour une enfant. Elle se sent chez elle, cependant. Briséis n'a jamais eu peur des contrées infernales dans lesquelles elle a grandi. Six mois par année, la femme de son père vient les retrouver et elle lui lit de douces histoires, parfois un peu trop matures pour la jeune enfant. Elle lui raconte la vie en tant que déesse. Sa vie avant d'avoir été une femme. Briséis rêve un jour d'être aussi forte que la belle Déesse qui partage les bras de son papa.

Elle a beau être jeune, elle n'est pas stupide. Elle a vu comment son père regarde sa femme. Tant de désir devrait être illégal. Cependant, Perséphone n'est pas sa mère. Autrement, elle serait une déesse à part entière. Non. Elle n'est qu'une demi-portion de ce qu'est son père, voire même moins. Elle possède des gênes humains, aussi. C'est pour cette même raison qu'elle vieillit, même si c'est avec une lenteur effroyable. Comme si le chronomètre s'était arrêté, ici. L'aiguille avance lentement, mais sûrement. Un jour, elle cessera de danser. Elle aura des tâches beaucoup plus préoccupantes que celles d'une princesse infernale. La princesse de son père, qu'Hadès dit. Trop souvent, même. Lorsqu'ils partagent un moment, il est d'un ridicule. Trop protecteur, trop aimant. Rien d'un Dieu des enfers. Tout d'un père.
Sauf que ces moments à deux s'espacent. Ils partagent moins d'instants et se contentent régulièrement d'une salutation polie et d'un sourire. Ils s'espacent, et deviennent moindre. L'importance de la figure paternelle devient également moindre dans la tête de l'enfant, qui cesse lentement de danser.

chapter second : Your skin feels warm to caress. I see magic in your eyes

Les enfers deviennent lassantes. Elle rêve de plus, de mieux, de plus beau. Adolescence peu mouvementée, bercée par l'isolation et les terreurs qui surviennent de plus en plus. Les dieux ne sont plus présents avec elle, occupés à se battre pour ne sait-elle qu'elle cause, encore. Elle y est habituée. Elle a passé la majorité de son temps avec Cerbère, qui a longtemps fait office de nounou.
Mauvais parents? Absolument. Personne n'a jamais proclamé que les enfants de dieux étaient choyés. Surtout ceux emprisonnés dans les Enfers parce que le père est trop possessif pour la laisser aller ailleurs. Pourtant, elle rêve de vivre à l'extérieur. De voir des arbres verts, de la nature, de la beauté. Elle rêve de voir des nuages et de la pluie, du soleil et des merveilles naturelles. Tout ça n'est peut-être qu'un rêve.

Elle ne sait pas si, un jour, elle aura l'occasion de sortir de ces lieux. Son père a été formel en lui imposant de rester ici et elle a peur qu'elle y soit coincée à jamais. Peur de ne jamais pouvoir voir la lumière du jour. De ne jamais vieillir. Elle se fait déjà vieille, plus de cinquante années à son actif et pourtant, sa peau reluit de jeunesse. Et pourtant, à l'intérieur, elle est épuisée, la demoiselle. Épuisée d'une vie qu'elle n'a pas pu pleinement vivre.

chapter third : Don't leave me out in the cold. Don't leave me out to die. I gave you everything, I can't give you anymore

« S'il-te-plaîîît ? Papaaaaaa! » « C'est hors de question. » L'effrayante voix d'Hadès fait trembler les sols infernaux et même Cerbère, couché à côté de la jeune adulte, tremble un peu sur le coup. Le chien infernal est derrière Briséis, qui a passé son enfance et toute sa vie avec lui. Elle l'aime d'amour.
Mais son père, une haine commence à poindre. Elle veut juste sortir d'ici, explorer le monde. Elle a vu les âmes errantes abandonner tout espoir. Elle a entendu parlé de Tyler, torturé, supprimant désormais ses émotions et anéantissant tout ceux qui traversent son passage. Elle a entendu parlé de tout ce qui s'est produit dans le monde des demi-dieux, de la résistance, de la Colonie qui s'est libérée, de la guerre, des guerres. Elle a vu des demi-dieux entrer dans les Enfers et en ressortir, tandis que d'autres ont abandonné l'espoir de retrouver un jour ceux qu'ils aiment. Elle n'a pas envie de rester ici jusqu'à la fin des temps.

« T'as une bonne raison de dire non? », confronte la demi-déesse en colère. Lorsqu'elle est fâchée, elle prend tous les traits de son père. Son visage s'étire en une moue désagréable et ses muscles se tendent. Elle est devant lui, même s'il l'effraie. Même si la mauvaise humeur de son père l'effraie. Même si tout chez son père la terrorise et pousserait n'importe qui à s'enfuir sur le coup, même Cerbère repart calmement se coucher ailleurs.
Briséis est là, devant lui et devant Perséphone qui est ici puisque c'est le temps de l'année où elle est en compagnie de son paternel. Elle regarde les deux dieux avec incompréhension. « Qu'est-ce que vous me cachez? » C'est certain qu'ils ne disent pas non parce que tout est calme à l'extérieur. « Tu as pensé aux monstres, Briséis? À tout ceux qui te voudraient du mal? » Le visage de la demi-déesse se renfrogne. « Vous m'avez élevée En Enfers. Je pense que je peux me débrouiller à la surface, bon sang! » Elle s'obstine. Elle voit son père, le dieu Hadès, réfléchir et s'asseoir sur son trône. Perséphone est calme, à ses côtés. Cerbère est retourné dans ses quartiers infernaux et la rouquine, vêtue d'une longue robe noire, regarde les deux divinités avec impatience. « Très bien. À plusieurs conditions, cependant. La première est que tu dois intégrer la Colonie des Sang-Mêlés et y rester. Je te surveillerai., répond le père d'une voix froide. La seconde est qu'en tout temps, tu garderas ces armes en fer stygien sur toi. Il les fait matérialiser dans les paumes de la belle, qui les admire. Elles ont ses initiales et un serpent les entourant. La troisième est qu'à partir de demain et pendant aussi longtemps que nécessaire, nous t'apprendrons à combattre pour survivre. » Il est froid, Hadès. Il ne montre aucune marque d'affection envers la belle rousse qui se contente d'hocher froidement de la tête aussi. Elle
a gagné la bataille, mais elle n'a pas encore conquis la guerre.

Dès le lendemain de cette discussion, ils se mettent au travail. Ils se battent, corps et âme. Il lui apprend à manipuler ses pouvoirs pour se défendre et pour l'offensive également. Les ténèbres lui obéissent à merveille et elles sont effrayantes. Leur manipulation est rigoureuse et elle demande beaucoup d'énergie, mais lentement, sûrement, elle apprend à les embrasser. À les accueillir avec un sourire aux lèvres et non pas la terreur dans les yeux.

chapter fourth : My skin is warm to caress. I'll control and hypnotise

La surface.
Elle y est depuis deux ans maintenant, depuis que la paix a commencé. Avant, c'était le bordel.
L'un de ses frères, Tyler, est reconnu comme étant le plus grand sociopathe que les demi-dieux aient connus. Il est effrayant et elle ne tient pas particulièrement à le rencontrer. Cependant, elle ne tient pas non plus à retourner en Enfers et son avis vis-à-vis son père est changeant. Parfois, elle l'aime. Parfois, elle le déteste.

Depuis son arrivée, elle est un peu perdue, Briséis. Elle se tient souvent seule et n'aime pas être en mauvaise compagnie. Elle préfère largement la solitude à être mal accompagnée. Mais elle s'isole tellement que ses hallucinations progressent et les ténèbres l'englobent, lentement, sûrement. Au moins, pendant un temps, elle est calme. La guerre n'est plus à leur porte et les camps recommencent à s'adresser la parole.
Tout va bien... Mais Briséis sent que c'est ce que les dieux veulent leur faire croire, encore une fois.