[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Je suis une pile électrique Duracell, je suis incapable de tenir en place comme tous les demi-dieux, mais on peut dire que je suis un extrême, car je ne suis jamais calme. Il faut vraiment que je sois lessivée pour que je ralentisse. Cela engendre des insomnies, des crises de nerfs et un cas sévère d'incompréhension puisque je parle bien trop vite et beaucoup trop. En gros vous croisez Pikachu, un lapin crétin et Stitch et tadaa : me voilà.
Je pense que la raison pour laquelle mon père a été attiré par ma mère est que cette dernière est légèrement folle sur les bords. Elle est tellement fan de films, séries télé, jeux vidéos, musique, romans et bandes dessinées qu'elle a nommé tous ses enfants après des personnages ou chanteurs. En premier, il y a eu Freddie (Mercury) Indiana (Jones) Aragorn (de la Terre du Milieu), mon ainé de quatre ans. Puis est arrivée Lara (Croft) Xena (la guerrière) Arwen (de la Terre du Milieu), mon ainée de deux ans. Ensuite il y a moi, le cinquième fantôme dans Pacman, celui qui n'existe pas. Puis mon cadet de six ans, Chris (Redfield) James (Bond) Thor (de Marvel) et enfin ma cadette de neuf ans, Whitney (Houston) Elisabeth (Swan) Hermione (Granger). Voilà ma magnifique famille de bras cassés.
Ma mère est une dessinatrice de bandes dessinées. Mais les rares fois où elle a réussi à finir un projet potable sont les fois où elle passait des jours entiers à la campagne chez ses parents qui possèdent un petit domaine viticole. Je suppose que c'est comme ça qu'elle a rencontré mon père. Mon prénom a aussi résulté de ces voyages puisque la BD la plus populaire qu'elle a faite en collaboration avec des dessinateurs français est ‘Les 4 Princes de Ganahan’ dont l'un des personnages principaux est Shâal. Donc moi-même, Leia (Star Wars) Shâal (Les 4 Princes de Ganahan) Zelda (The Legend of Zelda) a subit la même torture que mes frères et sœurs. Ah oui et le nom de famille Turner, qui est celui de Ben, plait énormément à ma mère, car ainsi elle se croit liée à Tina Turner. C'est la seule raison potable d'après moi pour laquelle elle a épousé Ben.
Pour comprendre mon passé, vous devez déjà savoir où j'ai vécu. La réponse est : dans un véritable mouchoir de poche à devoir partager ma chambre avec les deux petits jusqu'à ce que Freddie quitte le bercail il y a plus d'un an. Entre les différents voyages de ma mère, que ce soit pour reprendre de l'inspiration ou pour rencontrer des éditeurs ou fans ou encore collaborateurs et son travail, c'était le bordel à la maison, presque littéralement. Nous vivions dans un petit appartement et les travaux de ma mère n'étaient pas tous réussi. Elle a surtout eu du mal à redécoller après son succès de collaboration avec les français et le travail de Ben, mon beau-père policier, n'était pas suffisant pour acheter un appartement plus grand, encore moins une maison.
Les membres de ma famille se sont comportés tous différemment à mon égard. Freddie est très gentil et attentionné, mais le regard de pitié qu'il me jette souvent suffit à détruire tout sentiment d'aisance que j'avais à son égard. Lara me méprise du regard et m'ignore royalement la plupart du temps, je fais donc tout pour lui pourrir la vie. Chris est le genre trop timide pour demander quoi que ce soit et reste souvent englué dans ses bandes dessinées (pas uniquement celles de Jill Turner, dieux merci). Quant à Whitney, tu lui donnes n'importe quelle bestiole poilue et elle devient immédiatement ta meilleure amie, comme le prouve sa magnifique collection de souris, gerbilles, hamsters et autres animaux de compagnie miniatures, ce qui fait que notre chambre à tous les trois a longtemps été une ferme domestique pour rongeurs.
Toute personne possédant deux prénoms mythiques comme Leia et Zelda a obligatoirement la classe. Cette règle universelle ne fonctionne pas avec moi, car je suis tout le contraire de ce qu'on attendait de moi : j'énerve tout le monde et fait de leur vie un enfer, c'est une de mes passions avec celles des jeux vidéos que ma mère m'a transmise. Mais comme on n'avait jamais assez d'argent, j'ai toujours été jouer chez Jack et lui mettait la misère. Puis pour mes quinze ans, j'ai reçu un ordinateur portable de la part de ma mère (elle m’a pourtant assuré qu’il est en partie un cadeau de mon père et, vu toutes les informations sur le monde des dieux qu’il contient comme une bibliothèque grecque virtuelle, il doit l’être en partie). Il est tellement petit et léger que je le trimballe partout.
Ma mère est gentille comme tout, trop peut-être. Ce n'est pas du tout le cas de Ben. Être l'enfant issu d'une infidélité n'est pas du tout facile à vivre et j'ai été frappée à de nombreuses reprises pour cette raison. Les fureurs de mon beau-père me forçaient à fuir quand mon pouvoir de maîtrise de la végétation ne fonctionnait pas. Mais impossible de se cacher dans l'appartement avec une taille humaine. C'est là que mon deuxième pouvoir entrait en jeu : la métamorphose en gerbille. Même chose, ça ne marchait pas toujours et il fallait bien faire attention à ne pas se faire écraser, mais à force de le faire, on prend des réflexes. Et quand mes deux pouvoirs ne marchaient pas, j'allais à l'école le lendemain avec un œil au beurre noir et ma mère croyait que j'étais tombée dans l'escalier.
Puis un jour, on a découvert que j'étais atteinte de dyslexie et que mon hyperactivité était plus qu'alarmante. Aucun traitement n'a réussi à me soigner et on n'avait pas d'argent pour les plus onéreux. J'ai du changer d'école à de nombreuses reprises depuis mes huit ans, car je me bagarrais, mais surtout jouais des tours. Si je m'étais arrêté aux élèves, les choses n'auraient pas été aussi compliquées et j'ai épuisé toutes les écoles de Chicago, forçant ma mère à m'envoyer ailleurs. D'un côté ce n'était pas plus mal : j'étais loin de Ben et de mes hypocrites de frères et sœurs et j'avais de nouvelles cibles. Mais même lorsque j'essayais d'être gentille, ma nature de demi-dieu prenait le dessus. Et c'était sans parler des monstres.
D'après ce que les autres campeurs m'ont racontés, j'ai eu de la chance de m'être fait attaquer une fois seulement. Et c'était par l'une des chimères d'Echidna. C'était quand j'avais treize ans et l'apparition miraculeuse d'un satyr, Jack le pirate, mon ami de toujours, m'a sauvé la vie. Ma mère a ensuite décidé de m'envoyer à la colonie à la fin de l'année scolaire et c'est ainsi que j'ai découvert le monde merveilleux des dieux.
Au début, je trouvais ça impossible à croire, puis j'ai vraiment adoré, surtout lorsque je me suis rendue compte que tous les héros que j'admirais depuis toujours et bien, que je pouvais en faire partie. Je croyais aussi que j'étais une fille d'Hermès, vu les coups que nous faisions ensemble, mais j'ai été déterminée assez vite et fini dans le bungalow de Dionysos avec les jumeaux Castor et Pollux. Au début, je détestais mon père, puis j'ai fini par accepter mes origines et comment le monde fonctionne. De plus, je n'étais à la colonie que durant l'été, ce qui me permettait de m'éloigner le reste du temps. Je pense que j'ai du éprouver de la sympathie à l'égard de mon père en apprenant sa punition, mais ça m'a toujours bien fait rire. Et je ne lui en voulais pas de ne pas vivre avec ma mère, c'est méchant, mais j'aurais été à sa place que je ne l'aurai pas fait non plus, vu ses obsessions bizarres.
Mais j'ai très vite découvert que j'étais loin d'être une guerrière. Je n'avais ni le physique, ni les pouvoirs pour le devenir. Je n'ai pas la force des enfants d'Arès, ni l'intelligence des Athéna, ni la beauté des Aphrodite, ni l'ingéniosité des Héphaïstos, ni le talent des Apollon, ni les compétences des Déméter, ni la chance des Hermès. Je suis petite, insupportable, énergique et, si ce n'était pour tout le bruit que je fais juste par ma présence, je serais invisible. Pourtant tout le monde sait que je suis
la gamine très chiante. Je sais pourtant que je peux leur prouver que je vaux quelque chose, je ne sais juste pas comment.
Mes trois années à la colonie se sont donc passées assez vite sans que je ne vois le temps passer et les représailles que j'y avais étaient les mêmes qu'ailleurs, elles venaient juste de personnes différentes. C’est là-bas que j’ai acheté mon arbalète et mon fidèle petit poignard en Bronze Céleste, bien que la plupart du temps, j’utilise des billes toutes simples pour énerver les gens et c’était un nouveau moyen de pimenter mes journées à la colonie. Chiron est celui qui a le moins aimé lorsque j’ai décidé qu’il serait ma cible mouvante idéale. Lorsque les partisans ont débarqués, j'ai hésité à les rejoindre, mais je me suis dit que mes conneries, les partisans n'allaient pas les supporter aussi bien que les grecs et que j'allais certainement y laisser ma peau.
Et puis dans le bungalow, il n’avait que les jumeaux Castor et Pollux et moi. Donc ce n’était pas joyeux du tout et je passais plus de temps en une journée avec les Hermès et les Héphaïstos qu’avec eux durant une semaine. Ils étaient très proches, mais m’ignoraient royalement et je les ai toujours trouvé coincés. Lors de la bataille du labyrinthe, lorsque Pollux est mort, ça m’a marquée, car même s’il n’était qu’un grincheux timide qui m’évitait, il avait été mon frère. Je n’ai pas reparlé à Castor depuis ce jour-là.
La majorité des campeurs se souviendront certainement de moi comme un parasite à éradiquer, j’ai toujours été le petit caillou dans leur chaussure. Bien sûr que je me suis fait attraper plusieurs fois et punir aussi, ça c’est la partie moins drôle. Mais d’une certaine manière, j’ai quand même continué à jouer des tours, c’était comme si ma détermination à leur prouver mon entêtement n’en était que plus grande. Mais il y a bien des personnes à qui je ne jouais pas de tours, c’étaient celles qui étaient trop risquées, mais aussi celles qui étaient gentilles avec moi et qui ne se moquaient pas de ma petite taille par exemple. En tout cas, j’ai vécu trois années d’enfer à la colonie !
Puis les partisans sont arrivés et tout a changé. Je pense qu’on peut aisément dire que ça m’a calmée. Le temps des conflits du moins. Je n’ai pas eu le temps d’essayer de retourner ma tendance à faire chier les gens contre les méchants pas beaux parce que les camps ont été pris et mon instinct de survie m’a poussée à fuir avec les autres. L’adaptation à l’université pour la plupart des résistants était dure. Et je fais partie du lot. Mais heureusement que je pouvais toujours contacter ma mère via mon ordinateur sans que les monstres le sente. Pourtant ses conversations ne menaient jamais nulle part. Elle était simplement contente d’entendre ma voix et croyais que j’appelais de l’école. Elle ne vit pas dans le même monde que nous et ne comprend pas les situations normales, alors c’était peine perdue que j’essaie de lui expliquer le conflit dans lequel nous nageons.
J’ai donc essayé de continuer de jouer mes tours et pendant un instant, j’ai réussi à redonner le sourire à certains demi-dieux, mais l’état morose de tout le monde a très vite repris le dessus et je faisais constamment face à des tronches d’enterrement. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment voulu me rendre utile. Je pensais vraiment que ma transformation allait me permettre de jouer le rôle d’espion, je m’imaginais déjà dans la peau d’un mec comme James Bond ou encore mieux d’un ninja, mais je n’étais pas encore sorti de l’université que j’ai failli me faire écraser plus de cent fois. Faut croire que les gens ont une dent contre les rongeurs de la famille des souris.
En mars dernier, j'avais décidé de vérifier que ma mère allait bien. Je suis pourtant arrivée trop tard, car l'un des incendies les plus violents avait déjà frappé Chicago. La panique des habitants de notre immeuble m’a considérablement ralentie et les pompiers n’étaient pas dans les parages, débordés par les incendies qui ont frappés le reste de la ville. Le feu était partout et je sentais sa brûlure violente sur mon dos et mes bras, comme un souffle démoniaque. Après de très longues minutes et plusieurs prises de tête avec les voisins paniqués qui voulaient tous sauver leur peau, j’ai réussi à atteindre notre appartement.
J’ai presque faillit ne pas reconnaitre les lieux. Tout était noir et la fumée m’a presque découragée, ainsi que la température surélevée. Lorsque j’ai traversé l’entrée, mon beau-père est sorti en trombe de l’appartement en me bousculant, Chris et Whitney dans les bras. Il ne m’a même pas vue et je ne sais pas pourquoi il se trouvait encore dans l’appartement alors qu’il aurait dû se rendre compte avant que quelque chose n’allait pas. Freddie et Lara n’étaient plus à la maison à ce moment-là puisqu’ils faisaient leurs études.
J’aurai fait demi-tour si je n’avais pas entendu quelqu’un tousser depuis le salon. Ma mère était coincée sous un meuble et n’arrivait pas à se dégager. J’ai réussi à l’aider, mais lorsque nous sommes parvenues à sortir de cet appartement en vie, elle m'a ordonné de la laisser et de fuir, d'aller là où j'allais pouvoir être en sécurité. C'était presque comme si elle savait que je ne suis pas normale, alors que j'ai toujours cru qu'elle l'ignorait. J'ai détesté l'abandonner là, mais j'ai fais ce qu'elle a dit. Pourtant je n’ai pas rejoint la colonie dans les mains des méchants pas beaux, ni le camp de nos amis les coincés, ni l’université où tout le monde se préparait pour le combat alors que je savais très bien que je n’étais pas de taille, bien que je refusais tout bonnement de l’admettre. La peur m'a poussée à faire la seule chose dont j’ai toujours été capable : fuir et me cacher.
Si vous choisissez un jour les égouts de Chicago en tant que destination de vacances, prenez avec vous de chaudes couvertures et de quoi allumer un feu, le genre briquet ou réchaud, parce que c’est glacial, humide, sale et très odorant là-dessous. J’ai réussi à me transformer en gerbille, c’était l’idée de génie que j’avais eu en descendant dans les égouts. Je m’étais dit que me cacher parmi d’autres rongeurs allait me permettre de survivre suffisamment longtemps pour pouvoir soit attendre sagement que toute cette histoire se termine, soit que je prenne suffisamment de courage pour sortir de mon trou et affronter ma destinée.
Donc pendant un temps, j’ai vécu une vie de rat, enfin de gerbille. Bien entendu, cela ne marchait pas tout le temps et je ne pouvais pas maintenir ma transformation éternellement, mais j’essayais de m’adapter au mieux à ce nouvel environnement. Vous savez sans doute à quoi ressemble un rat et quelle taille ça a. Et bien, disons qu’à côté de ces monstres gigantesques et rois des égouts, je n’étais rien du tout dans ma peau de gerbille. J’ai failli me faire bouffer à de nombreuses reprises et je n’ai réussi à survivre que grâce à ma vitesse et une très forte dose de chance.
Je n’ai pas tenu plus de trois mois. Gaïa regagnant ses forces rime avec Armageddon et cela s’est encore plus ressenti dans les souterrains. Après avoir failli périr sous des tonnes de pierre et terre pour la troisième fois (oui les tremblements de terre c’est dangereux), j’ai décidé de remonter à la surface. La peur de nouveau y est pour beaucoup et durant ces longues semaines j’avais eu le temps de penser. J’en étais arrivé à la conclusion que si je veux vraiment leur prouver que je vaux quelque chose, je dois agir et faire preuve de courage pour la première fois dans ma vie.
J’ai réussi à atteindre New York et lorsque je suis sorti près de l’université, je ne m’attendais pas à ce qu’on m’accueille à bras ouverts, je savais très bien que je n’avais manqué à personne. Mais je ne m’attendais quand même pas à ce que l’université entière soit complètement déserte. New York était dans un sale état et j’ai décidé de tenter ma chance à la colonie, prête à me rendre aux méchants pas beaux juste pour avoir un lit et une gamelle remplie. Pour pouvoir prendre un bain aussi, parce que l’odeur de trois mois d’égouts ferait fuir le plus résistant des cyclopes.
Je ne m’attendais pas du tout à ce que les choses soient devenues aussi sanglantes et violentes durant ma période de découverte du réseau d’évacuation des eaux new-yorkaises. La colonie était détruite, beaucoup de nôtres étaient morts, les camps étaient libres et les villes les plus importantes étaient ravagées par les éléments, tandis que Gaïa et les siens prenaient de plus en plus de forces.
Mais cette fois-ci je ne vais pas m’enfuir, je n’en ai pas le droit, pas après la façon lâche dont mon beau-père a abandonné ma mère, ou bien encore ce qui a faillit lui arriver à cause des catastrophes qu'a provoquées Gaïa. J’aiderai mes camarades grecs et romains, j’aiderai à la reconstruction de la colonie, à la lutte pour la paix, à la victoire des dieux et je m’adapterai. Je suis prête à faire des efforts et peut-être que je serai moins chiante et énervante. Juste un petit peu.